Citation :

Le soleil se couchait à l'horizon, teintant le ciel d'orange et de rouge, lorsque Darcylein poussa la porte des Cendres Rouges. L'atmosphère y était brûlante et un délicat fumet s'échappait des cuisines. La jeune femme jaugea l'imposante pièce du regard, où s'étaient réunis une poignée de villageois - sans doute des gabaliens - autour d'un verre de bière et d'un plat plus que copieux. Darcylein eut la sensation de faire tache au milieu de toutes ces brutes transpirant la virilité, mais puisque Wilwarin lui avait dit de l'attendre ici, elle n'avait pas le choix. Elle devait obéir. Elle s'avança d'un pas hésitant, posant ses fesses sur un haut tabouret en bois près du comptoir. Elle tenta de prendre un air naturel mais elle transpirait le malaise, malgré elle. Elle se mit alors à fixer la porte avec insistance, attendant impatiemment ce moment où Wilwarin viendrait la délivrer de cette fournaise...

« Qu'est-ce que tu veux, mon gars ? » demandai-je à un client qui venait de s'asseoir à mon comptoir. « Quelque chose de fort ! » me lança-t-il en souriant et en dévoilant - par la même occasion - les dents qui lui manquaient. Dans un verre, je versais un fond d'un alcool dont il allait me dire des nouvelles. Je posais le breuvage devant lui et il se l'enfila cul sec, réclamant aussitôt un autre verre. Je m'exécutai. Je détestais ces périodes d'accalmies où il ne se passait rien. Je tenais cette taverne plus pour m'occuper qu'autre chose quand il n'y avait pas de guerres à l'horizon. Après tout, j'étais une guerrière. J'étais faite pour me battre, pour défendre mon village ..! Pas pour rincer la gueule de pauvres ivrognes onze mois sur l'année. Je soupirai lorsque je remarquai une nouvelle cliente. Je n'avais jamais vu sa tête ici et j'étais plutôt du genre physionomiste. Si elle était déjà passée par ici, je m'en serais souvenue. En plus, elle n'avait pas l'air de venir d'ici. Je sentais facilement ces choses-là. Puis, elle n'avait pas la tête à traîner dans un établissement de ce genre-là. Elle devait attendre quelqu'un. Je m'approchais d'elle : « Je peux vous servir quelque chose ?»